Édition du mardi 10 février 2009
Suppression de la TP: les réactions des associations d'élus
Après lannonce par le président de la République le 5 février de la suppression de la taxe professionnelle (TP) à lhorizon 2010, et le communiqué commun des associations délus (AMF, ADF, ARF, AMGVF, FMVM, APVF, ACUF et ADCF) publié au lendemain de cette annonce (voir nos infos en lien ci-dessous), d'autres associations ont publié leur propre réaction entre vendredi et lundi.
Voici une synthèse de leurs points de vue.
Association des communautés de France (ADCF)
«Limpôt économique local doit constituer le juste retour des efforts quelles accomplissent pour accueillir des entreprises et leur offrir des services.»
Le président de lADCF, Daniel Delaveau, maire de Rennes et président de Rennes métropole, a déclaré: «Il est paradoxal quau moment où son renforcement est envisagé dans le cadre de la Commission Balladur sur la réforme des collectivités locales, lintercommunalité ne dispose plus daucune visibilité financière. Cette annonce subite est incohérente avec la volonté dimpliquer les collectivités dans leffort dinvestissement national du plan de relance».
Lassociation «déplore» que ne soit pas «proposée simultanément une solution sérieuse de remplacement pour les ressources des collectivités locales» et que «la décision de suppression ait été annoncée de manière unilatérale et sans la moindre consultation préalable des associations représentatives des collectivités locales, principales bénéficiaires de la taxe professionnelle.» (NDLR: 94% des recettes fiscales des communautés.)
Assemblée des départements de France (ADF)
«Suppression de la taxe professionnelle pour les entreprises: la vraie raison de la réforme territoriale»
«Lannonce de cette mesure est brutale et unilatérale. Dautant que contrairement aux affirmations du Président de la République, ce nest pas 8 milliards deuros que cette taxe apporte en recettes aux collectivités mais plus de 29 milliards. Cest un coup très dur porté aux collectivités alors même que ce sont ces collectivités qui sont mises à contribution pour relancer linvestissement.»
«Le président de la République croit-il vraiment quen amputant les recettes des collectivités territoriales de 29 milliards deuros, sans proposer un réel impôt économique de remplacement, il va redonner un coup de pouce à la croissance?», demande Claudy Lebreton, président de lAssemblée des départements de France.
Pour lui, «soit cette taxe nest pas remplacée, auquel cas les collectivités nauront dautre option que de reporter sur les ménages la fiscalité quelles ne prélèvent plus sur les entreprises, or on connaît tout larchaïsme de la taxe dhabitation. Soit lEtat compense aux collectivités par une dotation, en creusant son propre déficit, et cest à nouveau une limitation de lautonomie fiscale des collectivités.»
LADF «demande instamment au Président de la République de surseoir à cette décision tant quil ny aura pas de véritable négociation avec lensemble des associations nationales délus sur la réforme fiscale.»
Association des maires des grandes villes de France (AMGVF)
Il faut un «Grenelle de la fiscalité locale avec lEtat, les entreprises et les collectivités locales»
«Cette annonce de la suppression de la principale ressource fiscale des collectivités intervient alors même que celles-ci sont, en tant que premier investisseur public (73% de linvestissement public) fortement sollicitées pour soutenir léconomie», note lAMGVF, dont le président, Michel Destot, député-maire de Grenoble, relève que elles ont besoin de garanties et de visibilité quant à la pérennité de leurs ressources, «deux conditions qui viennent dêtre rompues par cette déclaration, qui compromet lefficacité du plan de relance.»
«Qui va payer ces 25 milliards deuros? demande-t-il. Il faut une juste contribution des entreprises aux infrastructures, aux services publics locaux, aux actions de développement économique menées par les collectivités locales qui participent largement à lattractivité et au développement des territoires.»
Lensemble des maires de grandes villes et présidents de grandes intercommunalités indiquent quils «réclament la tenue dun Grenelle de la fiscalité locale avec lEtat, les entreprises et les collectivités locales.»
Association des maires ruraux de France (AMRF)
On ne peut demander aux collectivités locales «de participer activement à la relance en les amputant, sans alternative claire, dune de leurs principales ressources»
L'AMRF, demande «quune clarification soit apportée au plus vite sur le montant précis du manque à gagner, pour linstant sujet à caution, et les ressources de substitution dynamiques et pérennes qui leur seront données. Elle rappelle en effet que les collectivités locales participent pour une part essentielle à linvestissement public dans le pays et quon ne peut leur demander de participer activement à la relance en les amputant, sans alternative claire, dune de leurs principales ressources. A lévidence, lhypothèse dune taxe carbone nest pas suffisante.» Lassociation souhaite que «lannonce brutale de la suppression de la taxe professionnelle soit en tout cas le point de départ dune réflexion densemble sur lavenir de la fiscalité locale et de la mise en place dune péréquation financière enfin réelle et sincère.»
Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR)
Supprimer la taxe professionnelle, cest transférer «sur les ménages toute la charge sans tenir compte de leur capacité contributive»
LANECR «réaffirme lexigence que les entreprises contribuent à la dépense publique locale dont elles sont une des principales bénéficiaires.» Elle demande que soit mis fin «au déséquilibre actuel entre les différents secteurs dactivités. Le secteur industriel, lénergie et les transports sont redevables de 66% de la taxe professionnelle alors quils ne produisent que 33% de la valeur ajoutée. Cest le secteur financier qui profite de ce déséquilibre.»
LEtat a «pris en charge une part importante de son montant (aujourdhui, 10 milliards deuros), en dénaturant son sens et réduisant son efficacité. Mais contrairement aux 8 milliards deuros que le président de la République a annoncé, elle représente encore 28 milliards deuros.» En décidant de supprimer la taxe professionnelle, «il transfère sur les ménages toute la charge sans tenir compte de leur capacité contributive, aggravant toujours plus les inégalités et dégageant lentreprise de toute contribution à son environnement dont elle profite.»
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